Jean-Marc De Pelsemaeker sature les surfaces préalablement peintes d’une dizaine de couches de peinture phosphorescente (luminescente) par un dessin minutieux à l’encre de Chine. Cette calligraphie obsessionnelle suit les contours d’extraits du travail de grands maître comme Albrecht Dürer, Rogier de le Pasture, Jan Van Eyck, Petrus Christus entre autres, mais aussi contemporains comme Andres Serrano, Wolfgang Tillmans, Matthew Barney, Cy Twombly... Le cadrage de cette partie d’une oeuvre est important pour donner une vraie présence à la toile ou à l’objet.

L’utilisation de peinture rouge fluorescente est souvent réservée à l’arrière des pièces afin qu’elles émettent un léger halo de couleur. D’autre part, il y incorpore ses thèmes privilégiés et récurrents comme les fœtus, l’abeille, les suites de chiffre, les signes religieux comme le tripalium ou encore le périzonium du christ et les nombreuse représentation de Marie-Madeleine et de détails de la descente de croix de Rogier de La Pasture. Les multiples références aux mythologies ou religions sont elles liées au travail des maître anciens qui, par la force des choses, traitaient majoritairement de ces thèmes. Ces extraits d’images disparaissent au premier coup d’oeil de la surface peinte sous un foisonnement de fins traits d’encre. On distingue à y regarder de plus près les formes évoquées. Le sacré est aussi très présent dans les masques africains peints qui chargés par eux mêmes d’une force considérable sont recouverts de symboles ou d’extraits d’oeuvres anciennes. Son travail exposé depuis quelques décennies, tant en Belgique qu'à l'étranger, suscite depuis toujours l'intérêt des collectionneurs.

TEXTES

Le travail de Jean-Marc De Pelsemaeker

Comme support de développement à son écriture picturale, le plasticien Jean-Marc De Pelsemaeker (1968) emprunte souvent des images surgies du passé. Puisées, entre autres, dans l’œuvre des grands maîtres de la Renaissance occidentale.

Chargées d’une valeur symbolique, esthétique ou formelle, ces images isolées de leur sphère métaphorique, sont analysées par l’artiste, soumises à son filtre mental, synthétisées puis retranscrites dans le champ plastique. "Ce qui m’intéresse, explique-t-il, c’est de capter l’énergie des images et de la concentrer en une charge pure, sans nom et sans emploi. Il me faut l’isoler, l’extraire par des moyens plastiques pour l’examiner".

Cette sorte d’écriture-peinture, foisonnante de signes et autres rinceaux minuscules, sature l’espace avec une précision de scriptorium. Véritable transe picturale, dûment contrôlée par l’œil virtuose du praticien, elle réagit à la diffraction conjointe de la lumière et de la couleur, pour générer des figures nouvelles, comme transfigurées ou réenchantées par cet exercice de style qui leur compose une autre jouvence. Partant, la démarche s’inscrit dans une modernité qui vient bouleverser le langage de la peinture, le gratifier d’une incarnation nouvelle et susciter chez celui qui regarde habilement de nouvelles clés de compréhension du monde.                                                                                                                                                                                                                               C.Dosogne

Jean-Marc De Pelsemaeker a une façon bien à lui de détourner l’histoire de la vie des hommes, ses symboliques, ses religions. Objets singularisés, sujet de réflexion sur le monde des humains, de ses fantasmes, attraits et dérives, ses postures sont tout enrobées non pas d’artifices spectaculaires ou dévoyés, plutôt d’une espèce de peau tout en signes, floraisons et effigies sous le manteau. Intrigant au premier coup d’oeil. Surprenant à qui tente d’y voir clair. Passionnant à découvrir, reliques ou idoles dévergondées sous l’habit qui les transfigure et leur confère une intelligence nouvelle. Un art de références, d’audaces, d’allusions fantasmagoriques, de jeux sages ou vilains en embuscade comme dans toute vie. Un art qui intéressera les curieux de tout, les amateurs de travail improbable et peaufiné, les épris d’inédit. Pleurants émergeant de floraisons frémissantes, allusions à Roger de la Pasture, totems revus, corrigés par une main heureusement iconoclaste, tableaux ronds ou carrés feuillus et chantants, rappel du temps, les pièces à conviction de Jean-Marc De Pelsemaeker surprennent, leur insolite reposant sur ce Chronos d’hier à nos jours, de la vie à la mort, qui nous guette sans se nommer. La vie serait-elle un fleuve tranquille? L’artiste n’est pas de cet avis. Son droit, sa richesse.

Dégrisant.                                                                                       R-P Turine

Elle scintille longtemps. Sur la tombe, les lierres ont recouvert les belles inscriptions. Des arabesques de fumées s’échappent du visage encore chaud.

                                                                                                                                                                                                                Benoit Adam

Photo : D.R. Guy Kokken